Conférence de Thomas Bauer

08. Juli 2024
18:15

Plutôt qu’une apparition, il convient de parler d’explosion pour qualifier un genre littéraire qui caractérise aujourd’hui tout un secteur de la « littérature sportive » : la fiction biographique. Ce genre qui consiste, pour un auteur, à s’appuyer sur la vie et l’œuvre d’une personne réelle pour la transformer, la transposer ou la transfigurer en personnage de fiction (Anne-Marie Monluçon et Agathe Salha, 2006), est devenu à la mode depuis le succès éditorial du roman Courir de Jean Echenoz, en 2008. Ayant comme point commun la volonté de faire partager au lecteur l’intimité de ces êtres d’exception, plusieurs écrivains se sont pris d’empathie pour Emil Zatopek, Abebe Bikila, Nadia Comaneci, Robert Enke ou Zinédine Zidane. Avec Bernard Chambaz (Plonger, Galimard, 2011), Philippe Bordas (Chant furieux, Gallimard, 2012), Lola Lafon (La Petite communiste qui ne souriait jamais, Actes Sud, 2014), Jacques Henric (Boxe, Seuil, 2016), Vincent Duluc (Kornelia, Stock, 2018) ou encore Sylvain Coher (Vaincre à Rome, Actes Sud, 2019), c’est donc toute une kyrielle de champions qui sont entrés dans la littérature. Toutefois, en s’écartant d’une bio-fiction traditionnelle, chronologique et étayée par des faits, bien des auteurs ont pris le pari, derrière des éléments de vie avérés, de proposer autour de leur double un véritable projet littéraire. C’est sans doute ce qui donne à ces récits leur intérêt et à leurs héros une humanité.