Annie Ernaux Bild: © 2023 Film Kino Text

Ciné-club : LES ANNÉES SUPER 8 et J'AI AIMÉ VIVRE LÀ

28 septembre 2023
20:00 - 22:30

Veranstaltungs-Infos

2 Films

LES ANNÉES SUPER 8  un film documentaire d'Annie Ernaux  und David Ernaux-Briot /Cannes 2022     réalisé par David Ernaux-Briot à partir du texte et de la voix de sa mère Annie Ernaux sur la base des films Super 8 de son père Philippe Ernaux. Il est sorti en salle le 14 décembre 2022.

J'AI AIMÉ VIVRE LÀ un film documentaire de Régis Sauder sur la banlieue parisienne de Cergy-Pontoise, entrecoupé de passages des livres de la lauréate du prix Nobel de littérature 2022 Annie Ernaux, qui y a longtemps vécu.

 

 

Les années super 8

"En revoyant nos films super huit pris entre 1972 et 1981, il m’est apparu que ceux-ci constituaient non seulement une archive familiale mais aussi un témoignage sur les goûts, les loisirs, le style de vie et les aspirations d’une classe sociale, au cours de la décennie qui suit 1968. Ces images muettes, j’ai eu envie de les intégrer dans un récit au croisement de l’histoire, du social et aussi de l’intime, en utilisant mon journal personnel de ces années-là."- Annie Ernaux

Ce premier film réalisé par l'autrice Annie Ernaux, tout juste élue Prix Nobel de littérature 2022, avec son fils David Ernaux-Briot est une pépite. Le film joue clairement la carte du film court, intime, et dont les effets spéciaux consistent à nous donner accès à un bouleversant voyage dans le temps.

Les Années Super 8 procure la sensation d'ouvrir une capsule temporelle, avec ses rares archives montrant la vie d'une famille il y a 50 ans. Les bobines que l'on peut voir dans le film dormaient dans un placard et n'avaient été montrées que dans un cadre familial. Aujourd'hui, le public peut en découvrir la richesse et son côté universel.

La voix et les mots d'Annie Ernaux accompagnent toutes ces images, si intimes, mais à la fois si universelles, témoin d'une époque. On sourit, on est ému. Et pour les lecteurs d'Annie Ernaux, ce documentaire est passionnant car il montre sa vie au moment où elle s'apprêtait à être publiée pour la première fois. "J'ai le sentiment que ces images contiennent une période majeure de ma vie, l’entrée dans l’écriture et la publication de mon premier livre et le processus inéluctable de séparation de mon couple", précise l'autrice dans le dossier de presse du film.

Ce sont les images filmées qui ont servi de guide à la mémoire

Le documentaire donne à entendre un texte inédit d'Annie Ernaux, allant parfaitement dans la continuité de son œuvre : "Le film s’inscrit dans la continuité d’une inscription de l’individuel et du familial dans le social et l’historique qui est consubstantielle de mon écriture. Il y a une parenté entre le livre Les années et Les années super 8. Mais l’expérience a été très différente.

Et d'ajouter : "Je ne suis pas partie de ma mémoire pure et je n’ai pas, comme dans Les années, eu à inventer une forme. Ce sont les images filmées qui ont servi de guide à la mémoire [...]". Entre un tiers et la moitié du texte original a été coupé, car il n'y avait que cinq heures de films Super 8. (...) Il était impossible de faire un objet cinématographique cohérent en gardant tout le texte. Il a fallu choisir certaines parties, en déplacer d’autres...".

Thème récurrent de son oeuvre, celui du transfuge de classe. Le film s'en empare via la présence de cette caméra : "Au moment où la caméra est arrivée dans la maison, ma mère vit chez nous depuis deux ans, précise Annie Ernaux. Elle est la présence quotidienne de mon monde d’origine populaire dans le foyer de bourgeoisie intellectuelle que je constitue avec mon mari. Un voyage au Chili durant l’Unité populaire d’Allende va précipiter ma conscience d’être ce qu’on n’appelle pas encore une transfuge, et je suis dévorée par la nécessité, le désir de mettre au jour ce processus de rupture avec le monde de mon enfance. C’est cela aussi que racontent secrètement les images du film, la naissance du livre Les armoires vides."

"Mon but était de constituer une mémoire familiale, une manière de transmettre la parole de leur grand-mère à mes enfants", explique David Ernaux-Briot, qui a coréalisé le film et visionné initialement ces bobines uniquement dans un cadre familial. "Ce n’est qu’un peu plus tard, en revoyant ces films numériques, que j’ai pensé que ça pouvait avoir un intérêt pour tous : on y voyait l’époque dans les décors, les vêtements, les idéaux aussi avec les voyages au Chili ou en Albanie."

Pour le film: J'ai aimé vivre là

Synopsis: Dans la Ville Nouvelle beaucoup arrivent d’ailleurs, se mélangent, trouvent une place. Leurs histoires se croisent et s’incarnent ici à Cergy, où Annie Ernaux a écrit l’essentiel de son œuvre nourrie de l’observation des autres et de son histoire intime.

 

"Utopie urbanistique avec sa ville construite sur deux niveaux, le choix de privilégier les piétons, des bâtiments aux multiples formes géométriques et colorées, sa verdure omniprésente au milieu des immeubles, ses vastes esplanades, ses mini-raccourcis à foison, sa gare RER, son gigantesque centre commercial, sa Tour Bleue, son port, sa base de loisirs, sa préfecture en pyramide inversée, le bord de l’eau de la boucle de l’Oise, l’esplanade démesurée s’ouvrant sur l’horizon avec en fond les ombres de La Défense et de la Tour Eiffel : Cergy est un étonnant espace d’étrangeté, un paradoxal no man’s land traversé sans cesse par une population très cosmopolite.

 

En promenant sa caméra sur ce territoire et en faisant alterner les témoignage des habitants (les adolescentes Lola, Anouck et Ammis, la pionnière Claudette arrivée quand tout n’était presque encore que campagne, la Normande Ghislaine, etc.) et la lecture des écrits (par l’écrivaine elle-même ou par les personnages) d’Annie Ernaux, extraits de Journal du dehors (1993), La vie extérieure (2000) et Les années (2008), Régis Sauder retisse avec une grande délicatesse l’histoire d’une jeune cité, d’une communauté engagée, d’une âme collective fragmentée en de multiples individus et néanmoins unie par une intense mémoire et une très claire identité communes." -Fabien Lemercier, Cineuropa

Entrée : 7€ / réduit 5€ (le tarif réduit est valable pour les membres des "Freunde der Französischen Kultur e.V." et pour les étudiants de l'Institut français sur présentation de leur reçu de cours).

Réservation à la caisse du musée (11h - 17h sauf lundi).

Tél. 0211/899 22 32

 

28 septembre 2023
20:00 - 22:30

Entrée 7 eu
Prix réduit 5 eu

BLACK BOX Filmmuseum
Schulstraße 4
40213 Düsseldorf
Allemagne